J'ai accepté un petit défi, vous conter, en quelques mots, une soirée de nouvel an qui m'a marqué.
La voici :
Chez moi, mon ami et quelques convives préparaient le repas et espéraient que je puisse les rejoindre. Je n’avais participé que pour installer la table, décorée de breloques argentées et de vaisselle miroitante. Le vin d’un rouge rubis magnifiait l’ensemble, pointe de couleur chatoyante dans laquelle les bougies éphémères de reflétaient.
Mais, de tout cela, je pensais ne rien voir.
Ce jour-là, je travaillais.
D’urgence en urgence, les heures s’égrenaient. Comme souvent dans nos métiers, notre sacrifice des instants où tous s’amusent et glorifient l’année, renforce nos convictions. Jamais je n’ai renié ce job, et sûrement pas en ce moment de liesse imposé. J’avoue peu apprécier les sourires forcés, les flonflons et autres chapeaux pointus que l’on pose sur soi pour masquer la triste réalité, la joie contrainte.
Néanmoins, un bon repas, des amis intimes, un verre de vin et un peu de musique restent bien plus attrayants que l’horrible popote servie dans les barquettes plastifiées de mon lieu de travail.
Vers vingt et une heures, alors que nous pensions la soirée perdue, la dernière intervention s’annula. Un coup de baguette magique de notre anesthésiste qui préféra repousser l’opération pour diverses raisons. Après quelques embrassades, nous fuîmes. Je parcourais les kilomètres, le sourire aux lèvres et l’espoir d'une astreinte blanche. Que nul accident ne vienne assombrir les vies et que tous profitent des festivités avec un brin de lucidité au moment de reprendre leur véhicule.
Mes amis m’avaient attendu, grâce au miracle technologique et aux nombreux appels échangés. Je pus goûter aux mets préparés d’une main experte, participer aux agapes joyeuses et compter les secondes.
– Quatre, trois, deux, un : Bonne année !
Minuit passé, nous levâmes nos verres, guillerets. Je m’accordais une demi-coupe de champagne.
Et lorsque mes amis se mirent à danser, je repris la voiture pour rejoindre l’hôpital et sa cruelle réalité.
Néanmoins, ce ne fut pas une douloureuse intervention que je dus pratiquer, mais la plus belle qui soit : une césarienne et la naissance du premier bébé de l’année. Un garçon qui cria de ses poumons déployés sous les rires et larmes jointes de ses parents attendris. Peut-être aussi des miens ? Car ce fut le plus adorable cadeau de la vie, en cette nuit de Nouvel An et je le garderai longtemps en ma mémoire.
Je vous souhaite à tous une belle année 2017,
avec de la joie, de fous rires, des petits bonheurs,
de magnifiques lectures et des rencontres fabuleuses
de l'argent pour tous vos projets et, bien sûr, la santé.